A. Jacquet et Zagallo au S. de France le 26 nov. 1998
Le Stade de
France à EXPO.COMM
Les deux hommes, qui ne parlent pas de langue commune, si ce n’est celle du
sport, sont détendus et s’entretiennent par interprètes interposés. On sent
malgré tout qu’ils se comprennent, sans les mots, et l’entraîneur français se
mettra souvent à rire des plaisanteries de son homologue brésilien, qui parle
haut, distinctement, d’une voix très grave et un peu chantée. Le respect mutuel
est immense, et Jacquet ne s’adressera à son vis à vis, détenteur de quatre
titres de champion du monde comme joueur ou entraîneur, que par du « Monsieur
Zagallo ».
D’entrée le sud américain s’adresse au français « Je veux féliciter la
France, qui a bien mérité son titre de champion du monde, et particulièrement
Aimé Jacquet », dit Zagallo d’une voix forte.
Puis les deux hommes entament un dialogue sans véritable thème ; le premier
atterrit par hasard sur la table : « Non, je n’ai aucune superstition »,
déclare l’entraîneur brésilien. Jacquet s’étonne et fait répéter Zagallo «
non vraiment aucune, je vous le promet ».
L’entraîneur carioca revient sur les heures qui ont précédé la finale de la
Coupe du Monde, sans aucune équivoque : « les bruits qui ont fait dire après
le Mondial que Nike aurait exercé des pressions sur moi-même ou quiconque dans
l’équipe ou notre entourage pour la composition de l’équipe le jour de la finale
sont infondés. Tout cela est complètement faux, je n’aurais jamais accepté un
poste d’entraîneur dans ces conditions ». Il revient également sur des
rumeurs ayant circulé et concernant, entre autres bêtises selon lui, une
nourriture empoisonnée distribuée à ses joueurs avant la rencontre le 12 juillet
: « Certains ont voulu trouver des explications fantaisistes à notre défaite.
Je ne vois, moi, que des explications sportives ».
Trois mois et demi après la finale du Mondial les
deux entraîneurs finalistes se retrouvent au Stade de France.
photo David BURGOS |
« Je suis heureux de ce que je viens
d’entendre », dit Jacquet. « Lorsque nous avons eu la feuille de match
avant la finale, il n’y avait pas le nom de Ronaldo, puis un 1/4h plus tard son
nom y figurait. Je me suis dit immédiatement que les brésiliens avaient un
problème, car Monsieur Zagallo est un gentleman, et dans mon esprit jamais il ne
pouvait s’agir de sa part d’une embrouille que d’autres que lui, par contre,
auraient pu utiliser pour nous déstabiliser. Il s’avère qu’il s’agissait du
malaise de Ronaldo, ce qui ne m’étonne pas du tout, vous savez, c’est le
football et les pressions sont énormes sur les joueurs. C’est arrivé aussi chez
nous. Zidane a eu un malaise durant France-Italie ici-même et il a vomi sur le
terrain. Pour finir là-dessus je dirais que cela ne nous a pas déconcentrés,
nous étions tellement dans notre match ! ».
« J’ai fait tourner mon effectif durant ce Mondial de manière totalement
délibérée, ajoute Jacquet. Durant le dernier championnat d’Europe les
remplaçants avaient été nuls psychologiquement. Nous avons été battus en grande
partie à cause de ça. Durant la Coupe du Monde les joueurs titulaires avaient,
grâce à une préparation technique et tactique, un remplaçant poste par poste qui
était prêt cette fois ci à donner le meilleur de lui-même. Ce fut selon moi une
grande réussite à cet égard. L’exemple de Laurent Blanc qui n’a pas joué la
finale est une illustration, son remplacement par Leboeuf a parfaitement
fonctionné. Il avait joué contre le Danemark et était impeccablement prêt,
surtout psychologiquement ». Guivarch, lui, a perdu confiance dès le premier
match, j’avais aussi plusieurs solutions ».
Jacquet poursuit sur sa joie d’avoir rencontré le Brésil en finale : «
finalement nous avions le même schéma de jeu avec Zagallo, quatre joueurs
derrière, un récupérateur (Deschamps-Dunga)...etc., d’ailleurs à propos de
Deschamps je dirais de lui qu’il est peut-être moins bon techniquement que
Dunga, mais qu’il possède une intelligence tactique inégalable, et une autorité
naturelle, comme Dunga d’ailleurs. La comparaison Ronaldo-Zidane est impossible.
L’un est évidemment plus porté vers le but que l’autre. Je dois vous dire, Mr
Zagallo, que nous avions travaillé les corners le matin même du match, car nous
avions remarqué un relâchement du marquage brésilien sur ce type de situation.
Pendant ce Mondial l’ambiance a été formidable dans le groupe France. Il n’y
a pas eu un seul conflit durant la compétition, la volonté et l’ambition étaient
présentes à chaque instant ! Ce qui nous a surpris le plus c’est le soutien
inconditionnel du public. Nous ne nous y attendions vraiment pas. Ce qui est
vraiment extraordinaire c’est que ça dure, y compris pour les clubs français".
« J’ai arrêté car je l’avais décidé depuis longtemps. Fini le stress et adieu
à 40 ans de carrière professionnelle (14 en tant que joueur et 26 d’entraîneur),
je retourne aux racines, l’éducation des jeunes, c’est ma passion, mon plaisir.
Je veux redonner au football ce que j’en ai reçu. Je le ferai tant que j’aurai
la santé. Je me fous de l’argent. »
Interview recueillie le 26 novembre 1998 au Stade de France.
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Le Stade de France à EXPO.COMM
Le Stade de France, moins d’un an après son inauguration le 28 janvier 1998,
est entré dans la légende. Sous l’ellipse du toit de l’arène les spectacles et
manifestations musicales ont déjà fait de ce lieu un élément majeur de
l’histoire sportive et musicale du siècle en France. Il constitue désormais un
élément incontournable du patrimoine architectural hexagonal et offre à la
France un nouvel espace de spectacles et d’événements dans des conditions
d’accueil exceptionnelles offertes aux spectateurs, organisateurs ou visiteurs.
Au Palais des Congrès de Paris les 9, 10 et 11 décembre le Consortium du
Stade de France présentait sur son stand toutes les fonctionnalités du lieu et
la gamme extrêmement variée de possibilités offertes aux organisateurs de
manifestations sportives, d’événements d’entreprise ou de spectacle :
Auditorium, salles de conférence ou d’exposition, loges et terrasses privatives
en gradin, sièges de prestige, salons de réception, restaurants, boutiques,
service de visite guidée.
Philippe Verneaux